[Alatriste-1] Les aventures du capitaine Alatriste by Pérez-Reverte Arturo

[Alatriste-1] Les aventures du capitaine Alatriste by Pérez-Reverte Arturo

Auteur:Pérez-Reverte,Arturo
La langue: fr
Format: mobi
Tags: Aventure
ISBN: 2020403447
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1996-01-27T23:00:00+00:00


VII

LA PROMENADE DU PRADO

Le lendemain était un dimanche. Commencé comme une fête, il faillit bien se terminer par une tragédie pour Diego Alatriste et pour moi. Mais chaque chose en son temps. Commençons par la fête. En attendant la présentation officielle devant la cour et l’infante, le roi Philippe IV avait ordonné une promenade en l’honneur de ses illustres hôtes. À l’époque, la promenade était une sorte de fête à laquelle tout Madrid accourait, à pied, à cheval ou en voiture. On passait par la Calle Mayor, entre Santa Maria de la Almudena, le parvis de San Felipe et la Puerta del Sol, ou bien l’on descendait plus loin encore, jusqu’aux jardins du duc de Lerma, au monastère de Saint-Jérôme et au Prado du même nom. Voie de passage obligée entre le centre de la ville et l’Alcázar, la Calle Mayor était la rue des orfèvres, des joailliers et des boutiques élégantes, raison pour laquelle en fin d’après-midi elle se remplissait de dames dans leurs carrosses et de cavaliers qui paradaient devant elles. Quant au Prado des moines de Saint-Jérôme, agréable pendant les journées de soleil hivernal et les après-midi d’été, c’était un lieu rempli d’arbres verdoyants. On y comptait vingt-trois fontaines, d’innombrables haies et une grande allée bordée de peupliers sur laquelle circulaient voitures et piétons en conversation animée. C’était aussi le lieu des rendez-vous mondains et galants, propices aux rencontres furtives des amoureux. Tout le gratin de la cour prenait plaisir à contempler son paysage. Mais personne n’a mieux chanté le pittoresque de cette promenade que Don Pedro Calderón de la Barca, quelques années plus tard, dans une de ses comédies :

Le matin je me trouverai à l’église pour vos prières ; et l’après-midi, je l’espère, sur le parvis je vous verrai ; au crépuscule m’en irai, en faisant cortège, au Prado ; puis dans ma cape, incognito : prévenances de mon amour, voyez Calle Mayor ce tour de messe, coche, cour et Prado.

Le lieu tout trouvé donc pour que notre monarque, Philippe IV, galant comme tous les jeunes gens, décidât d’y organiser la première rencontre officieuse entre sa sœur l’infante et le fougueux prétendant anglais. Naturellement, tout devait se dérouler selon l’immuable cérémonial de la cour espagnole dont personne n’aurait songé à s’écarter. Ne nous étonnons donc point si la visite inattendue de l’illustre prétendant fut accueillie par le monarque comme une occasion inespérée de rompre avec la rigide étiquette du palais et d’improviser des fêtes. On organisa une promenade en carrosses à laquelle participa tout ce qui comptait à Madrid, et le bon peuple fut témoin de cette glorieuse cavalcade qui faisait tant honneur à l’orgueil national et qui parut certainement fort singulière aux deux Anglais. Le fait est que lorsque le futur Charles Ier voulut simplement saluer celle qu’il entendait prendre pour épouse, le comte d’Olivares et les autres conseillers, usant de toute leur diplomatie, se regardèrent gravement avant de répondre à Son Altesse qu’elle allait un peu vite en besogne. Il était impossible que



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